Pourquoi réfléchir et écrire à propos des sciences (leurs définitions, leurs présupposés, leurs méthodes et leurs statuts) ? En quoi la réflexion sur les sciences est-elle à la fois un acte scientifique, philosophique et politique ?
Un des buts de ce blog est d’apporter mes réflexions sur le statut, le contenu et l’usage des sciences en essayant d’avoir une approche à la fois externaliste et internaliste, sociologique et épistémologique. Toutefois ces écrits ne sont que ceux d’une étudiante de licence en sciences et philosophie, je n’ai pas prétention à maîtriser totalement les domaines que j’étudie ni à avoir une quelconque compétence en sciences sociales.
Nous allons parler de la vision commune de la science en tant qu’entité sociale construite autour d’objectifs autant épistémologiques (mieux connaître le monde, de manière plus précise) que pragmatiques (être utile à la société).
Le statut de la science influence la manière dont elle est vue par tous les acteurs de la société (citoyens, gouvernements, institutions, laboratoires et instituts de recherche scientifiques ou non), donc la manière dont ils interagissent avec elle, dont ils en sont les acteurs. Un des travers évidents d’une perception des sciences comme des entités figées et inaccessibles, ayant pour objectif de trouver la vérité pour la diffuser au reste du monde, est de tomber dans le scepticisme ou, à l’inverse, de conforter cette autorité et de croire que la science peut amener la sécurité intellectuelle. Je suis persuadée que la sécurité n’est pas ce qu’il y a de mieux à chercher car elle est tellement confortable qu’elle nous entraîne petit à petit vers la pensée dogmatique, l’antithèse de l’intelligence. C’est pourquoi la remise en question personnelle et le débat collectif perpétuels sont nécessaires à toute réflexion fondée. La science a besoin a la fois de l’essentielle réflexivité des scientifiques sur leur propres recherches, de la formation scientifique des étudiants par les spécialistes (avec son fonctionnement interne qui n’est pas exempt de conséquences1) mais aussi de la diffusion des connaissances scientifiques par d’autres moyens (médiation, communication, journalisme) et du débat citoyen et démocratique (surtout lorsqu’il s’agit d’applications de la science dans des questions de société).
En bref, voilà pourquoi je veux écrire sur les sciences et en parler : pour alimenter le débat et pour que la science ne soit plus jamais vue comme une source d'autorité subie que l'on ne comprend pas.
1 A propos de l’influence majeure des manuels scientifiques sur la vision anhistorique que les scientifiques ont de leur propre travail, voir Thomas S. KUHN, La structure des révolutions scientifiques, chapitre 10 : « Caractère invisible des révolutions ».